Le français veut garder sa place en Asie du Sud-Est
VIENTIANE, 21 nov 2007 (AFP) - 21/11/2007
Au Laos comme au Cambodge et au Vietnam, le français n'est parlé que
par une infime partie de la population. Mais un demi-siècle après le
départ de la puissance colonisatrice, dans une région où l'anglais a
naturellement pris racine, il veut lui aussi garder sa place.
Selon l'Organisation internationale de la francophonie (OIF), Ã peine
1% de la population maîtrise aujourd'hui plus ou moins bien le
français dans chacun des trois pays de l'ex-Indochine française.
Les francophones seraient quelque 60.000 au Laos, 150.000 au Cambodge,
570.000 au Vietnam, pour des populations d'environ 6, 14 et 84
millions d'habitants.
Avant le départ des Français dans les années cinquante, le français
était surtout parlé dans l'administration, la bourgeoisie. Aujourd'hui
encore, au-delà des étudiants, les francophones se retrouvent plutôt
parmi les dirigeants, les intellectuels ou des corps professionnels
comme les médecins ou les juristes.
Demander son chemin en français dans la rue a peu de sens.
Le développement et l'intégration internationale du Cambodge, du Laos
et du Vietnam, tout trois membres de l'Association des nations d'Asie
du Sud-Est (Asean) dont la langue officielle est celle de Shakespeare,
passent naturellement par l'anglais.
"La situation est difficile, les trois pays sont entourés de pays
anglophones dans une région très éloignée des lieux de locution du
français", a reconnu Ousmane Paye, conseiller spécial du secrétaire
général de l'OIF, en marge d'une réunion ministérielle de la
francophonie organisée à Vientiane mardi et mercredi.
"On sent surtout l'érosion du français parce que l'anglais gagne" du
terrain, explique Emmanuelle Billier-Gauthier, directrice adjointe de
Cambodge Soir Hebdo, publication qui jusqu'en juin était encore
quotidienne mais vient de reparaître sous forme hebdomadaire après
quatre mois de crise interne.
Mais l'OIF, même si elle se garde bien d'avancer des objectifs
chiffrés, veut croire que le français a un avenir en Asie du Sud-Est.
Selon elle, 5,3% des effectifs scolarisés en 2005 au Laos apprenaient
le français ou étudiaient en français. Le pourcentage était à la même
période de 1% au Vietnam. Au Cambodge, la proportion était de 3,26% en
2003, dernière année disponible.
Mais pour changer la donne, l'OIF compte sur un programme, lancé en
2006, de revalorisation et renforcement de la formation des
professeurs, des cours de français ou de l'enseignement en français
dans des classes bilingues.
"Si l'on est sur une vision simplement défensive de la francophonie
(...) elle va continuer à régresser", estime le secrétaire d'Etat
français chargé de la Francophonie et de la Coopération, Jean-Marie
Bockel, qui assure ne pas vouloir se battre "contre l'anglais".
Mais "aujourd'hui ces pays ont conscience de plus en plus qu'ils n'ont
pas intérêt à rester dans des univers anglophones uniquement, y
compris économiques", juge-t-il.
Dans la région, le réseau de la francophonie revendique l'alternative
culturelle, la multiplication des opportunités d'emplois. Mais
promouvoir le français comme deuxième langue étrangère aussi reste
ambitieux face à l'essor d'autres langues comme le chinois.
Véritable attachement à la langue ou plate-forme utile sur la scène
internationale, il est difficile de dire à quoi sert d'abord la
francophonie pour Hanoï, Vientiane et Phnom Penh.
_________________ Communauté lao en France www.laofr.net
|