Rithideth.Kitis : Albums GEO : Laos,itinéraire d'une enfance retrouvée.
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En août 2007, Rithideth Kitis rentre au Laos pour la deuxième fois. Près de quinze ans plus tôt, en 1993, il était déjà retourné dans son pays d’origine pour un voyage touristique, à la recherche d’exotisme et de photos de cartes postales. Cette fois-ci, il veut retrouver les parfums et les images de son enfance, faire découvrir son pays natal à son épouse alors enceinte de trois mois. Son voyage va durer quatre semaines.
« Après les événements de 1975*, la vie est devenue difficile pour ma famille. Mon père, officier dans la garde royale, proche des Français et des Américains, est interné en camp de rééducation. Ma mère, qui partage ses opinions et son passé politiques, ne peut espérer un avenir pour nous. En 1977, sa décision est prise : elle s’enfuit en Thaïlande avec l’un de mes frères et moi. J’ai alors quatre ans. Pendant un an, nous restons dans le camp de réfugiés de Nong Khai, à la frontière avec le Laos. En 1978, l’une de mes tantes, qui fait ses études en France, parvient à nous faire venir. Nous avons été naturalisés dix ans plus tard.
De mon pays natal, j’ai conservé des souvenirs très flous : quelques images de rizières, de pêche avec mon grand-père… À trente-cinq ans, j’éprouve enfin le besoin de savoir d’où je viens pour savoir où aller. Je vais bientôt être père et j’ai le devoir de faire connaître son pays d’origine à mon enfant. J’hésite à m’installer durablement au Laos et à y travailler. Ma vie ressemble à un film auquel il manquerait plusieurs scènes : ce voyage, c’est l’occasion de trouver les rushs manquants, de mettre des images précises sur des bribes de souvenir. »
" Savoir d'où l'on vient pour savoir où aller..." pourrait en quelque sorte résumer l'état d'esprit dans lequel j'étais durant ce voyage un peu particulier, davantage qu'une destination touristique, il s'agissait peut-être pour moi d'une quête, la recherche d'une enfance volée par le destin et dont il reste aujourd'hui quelques bribes confuses. J'avais un peu plus de 5 ans, quand par une nuit noire de 1977, ma mère nous fît franchir le Mékong par des passeurs. De l'autre côté, l'inconnu qui effraie et fait trembler; nous étions devenus des clandestins, parmi des milliers d'autres anonymes que l'histoire retiendra comme "boat people". Aujourd'hui, d'autant plus que je me prépare au bonheur d'être père pour la première fois, j'éprouve ce besoin de renouer avec mes racines, ma terre natale, son histoire, son actualité... Sans idées de reportage, je me suis laissé aller, au gré des chemins qui serpentent les rizières, laissant le hasard et les esprits de la terre guider le retour d'un fils du Mékong...